Les arts de l'écrit et de l'écoute au Moyen Âge

Quelle place tiennent les arts écrits (caligraphie, reliure... ) et oratoires (théâtre, chant) au Moyen Âge ?


Publié le 29/11/2012 • Modifié le 30/09/2022

Temps de lecture : 2 min.

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Sous le règne de Charlemagne, le développement intense du monachisme (vie de moine) et de la scolarisation amène celui de la culture et de l’écrit. Au Xe siècle, une Europe d’Etats se structure sur de puissants ordres religieux et la culture monastique a en mains tout ce qui est traduire, copier, conserver.

Arts de l'écrit

Ses réseaux, qui relient l'Europe sur les chemins de Compostelle et dont les bibliothèques recèlent déjà une part du savoir, vont être au centre de la diffusion écrite. Elle est facilitée par la révolution de l’écrit du IIIe siècle : le codex de parchemin (des feuilles reliées à plat que l’on ouvre sur une charnière, la reliure) remplace le rouleau du volumen (difficilement consultable). Monastères et évêchés possèdent un scriptorium, véritable atelier destiné à alimenter leur bibliothèque. Pour remplacer l’écriture mérovingienne et faciliter rédaction et lecture dans tout l’Empire, Charlemagne, impose la calligraphie en minuscule caroline. Témoin l’Évangéliaire de Charlemagne, produit à Aix-la-Chapelle vers 783. La production de livres religieux prend son essor dans une circulation qui ira s’élargissant : Bibles ornées, psautiers (recueil de psaumes associés à un calendrier liturgique), sacramentaires (recueil de prières). Certains ouvrages seront commandés par de riches chrétiens laïcs, comme les livres d’heures. La liturgie des heures se voit alors associée à celle annuelle des Travaux et des jours et rend hommage au travail profane : illustrations de la vie paysanne à travers saisons, labours, récoltes. Des ateliers dépendant des monastères réalisent des reliures faisant appel à l’ivoire, à l’orfèvrerie, aux émaux. Le roi Charles V offre à la Sainte Chapelle des Évangiles à plats d’or, l’un semé de saphirs, émeraudes, rubis et perles, l’autre gravé et émaillé… L’art calligraphique, ses lettrines et miniatures, s’applique aux supports cartographiques. Ils peuvent être insérés dans des psautiers comme la Mappa mundi de 1265 de la British Library, copiée en fait sur une carte murale du palais de Westminster : cela pointe le lien entre peinture, arts de la gravure et livre. Tous les genres littéraires sont objet de livres enluminés. Un genre de la littérature courtoise appelé les Miroirs, très illustrable, est destiné à conseiller le lecteur sur des questions morales : Miroir des pêcheurs, etc. Une pièce majeure est le Miroir de Vincent de Beauvais (1250), mine pour les historiens de l’art religieux médiéval.

Arts oraux

L’écrit est étroitement lié à l’oral, donc à l’écoute, et il y a continuité entre poésie, art de l’éloquence, chant et musique. La diffusion médiévale de l’écrit pénètre ces activités. Ainsi la notation musicale fait-elle un bond au XIIIe siècle, avec l’apparition de la portée puis de la barre de mesure et soulage la mémorisation des chants et des musiques. Dans le domaine musical sacré, on verra le passage du plain-chant (dont le répertoire le plus diffusé est le grégorien) à la polyphonie, à savoir le dépassement de la monodie et la combinaison de plusieurs voix indépendantes et simultanées.

Le théâtre médiéval

Dans ce mélange des arts oraux et visuels, l’Eglise admet des représentations paraliturgiques, qui animent les lieux sacrés de leurs théâtralisations à machines : ange de l’annonciation descendant des voûtes sur des câbles (Parme), nativité rejouée dans le chœur avec bœuf, âne et bergers… La part profane de leur succès fera aboutir ces représentations sur les parvis et populariser le Mystère hors du sanctuaire. Le lien entre théâtre (paraliturgie) et codage pictural des images religieuses est manifeste. L’Eglise est ainsi le distributeur d’une continuité culturelle entre les images picturales, sculptées, gravées, et jouées. De même, dans un art profane de distraction, y a-t-il filiation entre le jeu des Trois morts et des trois vifs, les fresques peintes des Danses macabres, et les gravures livresques des Ars moriendi. Cette continuité permet à une société féodale hiérarchisée et inégalitaire de faire circuler malgré tout dans ses langages artistiques un ensemble de sens bien repérables par les divers acteurs de la société.

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