Jean Racine, le pouvoir et ses contemporains

Quels liens Racine tissent-ils avec ses contemporains à la cour de Louis XIV ?


Publié le 15/10/2012 • Modifié le 27/12/2023

Temps de lecture : 2 min.

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Quand Racine écrit ses premières tragédies, Louis XIV, le « Roi-Soleil », est un monarque absolu, centre de tous les regards et source de toute faveur. Artistes et écrivains dépendent étroitement du mécénat royal, de gratifications ou de charges plus ou moins honorifiques.

Racine, un protégé du roi

Stratège et courtisan, Racine s’emploie, comme la plupart des auteurs, à louer le le monarque. Son Alexandre le Grand (1665) célèbre la gloire de Louis XIV, nouvel Alexandre. Racine sait aussi plaire à des personnages influents, comme le tout puissant contrôleur général des finances, Colbert, et son gendre, le duc de Chevreuse. Il plaît aussi aux femmes qui, successivement, comptent à la cour : Madame, belle-sœur du roi, Madame de Montespan, favorite en titre, Madame de Maintenon, épouse morganatique. La charge de « trésorier de France en la généralité des finances de Moulins », que reçoit Racine en 1674, l’anoblit et lui procure d’importants revenus.

Racine, historiographe de Louis XIV

Pendant que Jean Racine écrit des tragédies, la centralisation du pouvoir se renforce et le roi, maître de l’Europe, accumule victoires et conquêtes. En 1677, Racine abandonne le théâtre pour se consacrer à la tâche, particulièrement prestigieuse, de chroniqueur et d’apologue du règne de Louis XIV. L’œuvre de Racine historiographe du roi a aujourd'hui presque entièrement disparue. En dehors de quelques fragments, seuls deux textes subsistent : Eloge historique du Roi sur ses conquêtes depuis l’année 1672 jusqu’en 1678 et Relation de ce qui s’est passé au siège de Namur.

Un soutien indéfectible

Preuve de la faveur royale, l’ascension de Racine se poursuit : reçu à l’Académie française en 1673, il en est le directeur en 1685. Une charge de « gentilhomme du roi » lui est attribuée en 1690, de « conseiller-secrétaire du roi » six ans plus tard. Il est du petit nombre admis à Marly, retraite intime du roi, et Louis XIV, qui souffre d’insomnies, fait appel à lui comme lecteur. Malgré son ralliement à Port-Royal, Racine bénéficia jusqu’à la fin de sa vie de l’appui du souverain.

Racine et ses contemporains

Le Grand Siècle dans lequel Racine s’inscrit est particulièrement riche en talents. Le compositeur Lully, le peintre Poussin, l'architecte Mansart, les écrivains Mme de Lafayette, Bossuet ou La Rochefoucauld – pour ne citer qu'eux – contribuent à la perfection du classicisme français. Racine s’impose dans ce foisonnement, non sans se heurter aux deux autres géants de la scène : Molière et Corneille.

Racine face à Molière

En 1664, la première pièce de Racine, La Thébaïde, est jouée par la troupe de Molière au théâtre du Palais-Royal. L’année suivante, Racine confie sa deuxième tragédie, Alexandre le Grand, à la fois aux comédiens de Molière et à ceux de la troupe de l’Hôtel de Bourgogne. Molière ne pardonne pas cette trahison et accueille dès lors les rivaux de Racine. C’est ainsi que, en 1670, Tite et Bérénice, de Corneille, est jouée au théâtre du Palais-Royal quelques jours seulement après la Bérénice de Racine.

Racine face à Corneille

Racine et Molière se brouillent ; Racine et Corneille sont, quant à eux, concurrents. Corneille appartient à une génération éprise de théâtre héroïque. Racine, à ses débuts, répond au goût nouveau pour la galanterie, analyse délicate des sentiments amoureux. Tendre ou furieux, l’amour domine son théâtre, alors que, pour Corneille, l’amour reste une passion secondaire, qui doit être maîtrisée au profit de la « gloire » des héros. Divers épisodes rythment la querelle des deux auteurs. Quelques vers des Plaideurs de Racine parodient des vers du Cid. Dans la préface de Britannicus, Racine attaque le théâtre de Corneille qui, lui, dénonce le manque de vérité des personnages de Bajazet. Mais, après Suréna (1674), dernière tragédie de Corneille, Racine n’a plus de rival.

Les Anciens et les Modernes

A partir des années 1680, la querelle des Anciens et des Modernes remet en cause la suprématie des auteurs et de la civilisation de l’Antiquité. Racine partage avec Boileau, La Bruyère ou La Fontaine, l'idée que l’antiquité grecque et latine constitue l’âge d’or de la littérature. Molière et Corneille, eux, s'opposent à cette conception et prennent le parti des Modernes. 


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