L'influence de l'expédition d'Egypte dans l'art


Publié le 18/04/2013 • Modifié le 19/09/2023

Temps de lecture : 2 min.

Écrit par Jean-Marcel Humbert © Institut du Monde Arabe - 2008

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L’art occidental s’est souvent inspiré des périodes antérieures, allant jusqu’à emprunter des thèmes décoratifs à l’Antiquité. Ainsi en va-t-il de l’Égypte, qui a donné matière, après l’expédition de Bonaparte, à nombre de réutilisations et d’adaptations.

Le style « retour d'Egypte »

Des éléments originaux, que l’on n’avait jamais vus sous nos cieux : pylônes des temples avec corniches à gorge, sculptures de têtes coiffées du némès (coiffure pharaonique de lin rayé), sphinx…, sont appréciés par les soldats et savants qui, à leur retour, ne manquent pas d’en faire état. Mais, surtout, l’expédition a suscité nombre d’ouvrages qui ont mis à la disposition des artistes une documentation illustrée d’une bien meilleure qualité que celle qui existait jusque-là.

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Assiette à l’autruche, avec vue du village de Nagadi. Manufacture de Sèvres, 1re moitié du XIXe siècle.
Musée national du Château de Fontainebleau. © Photo RMN © Jean-Pierre Lagiewski

On a pu dire qu’à la fin du XVIIIe siècle, « l’Antiquité, c’était la nouveauté ». Cette appréciation s’applique particulièrement au domaine égyptien qui, bien avant la campagne d’Égypte, avait déjà inspiré les artistes. Et, en dépit de l’échec militaire de l’expédition, une véritable mode part de France pour gagner toute l’Europe jusqu’à la Russie. Maisons, fontaines, intérieurs sont décorés à l’égyptienne ; le mobilier est également concerné, avec l’utilisation répandue de la tête coiffée du némès, de même que beaucoup d’objets : la manufacture de Sèvres crée des services de table à l’égyptienne, des sphinx deviennent chenets ou encriers, des candélabres sont portés par des Égyptiennes, bref, c’est toute l’Égypte qui se trouve évoquée et réadaptée. Et nombre de ceux qui avaient participé à l’expédition d’Égypte se feront enterrer dans des tombes à décors égyptiens !

Une grande part de cette égyptomanie est en fait d’inspiration politique, cette mode « officielle » ayant été organisée afin de détourner l’attention de l’échec militaire. De ce fait, elle a bénéficié au mythe de Napoléon qui se développe tout au long du XIXe siècle.

Orientalisme et art islamique

L’expédition de Bonaparte a participé de la constitution d’un art « orientaliste », en faisant mieux connaître l’Égypte et en fournissant ainsi de nouveaux sujets de rêve et d’émerveillement tant aux écrivains qu’aux peintres.

La lumière si particulière du pays, ses coloris vifs, ses cieux limpides sont largement traduits dans la peinture du XIXe siècle, qui cherche à mêler un exotisme dépaysant à l’évocation des gloires passées. Bonaparte, sous le nom de Bounaberdi, ainsi que le raconte Théophile Gautier, est devenu le sujet de légendes merveilleuses que l’Arabe conteur se plaît à déclamer sous la tente... Et si les origines du goût pour cet exotisme sont à porter à l’actif des nombreux voyageurs qui sillonnent le pays, il ne faut pas oublier que la Description de l’Égypte a considérablement fait croître l’intérêt des Occidentaux du XIXe siècle pour l’art islamique, qui constitue l’une des composantes majeures de l’orientalisme.

Bien que, dès l’expédition, certains, comme Jean-Joseph Marcel, aient commencé à constituer une collection d’art islamique, c’est de la première moitié du XIXe siècle que l’on peut dater le début de la reconnaissance des arts de l’Islam. L’architecte Pascal Coste et l’ingénieur Prisse d’Avennes se passionnent pour l’architecture et publient des ouvrages remarquablement illustrés. Le premier réside en Égypte de 1817 à 1827 et effectue de nombreux croquis ; le second est au service de Méhémet Ali comme ingénieur civil et hydrographe de 1827 à 1844. Il reviendra entre 1858 et 1860 pour faire photographier les monuments du Caire. Des collectionneurs commencent eux aussi à s’intéresser à cet art. De telles collections, constituées tant en France qu’en Égypte, commencent à être présentées au public dans le cadre de l’Exposition universelle de 1867, puis lors de celle de 1878 dans la galerie orientale du Trocadéro. Cet intérêt renouvelé, joint à une plus large visibilité de ces objets, va offrir aux arts décoratifs français l’occasion de puiser à cette nouvelle source d’inspiration.


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