Le trio Jacques, son maître et le narrateur dans Jacques le Fataliste


Publié le 03/10/2013 • Modifié le 26/04/2023

Temps de lecture : 1 min.

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Jacques et ses amours

Denis Diderot s’applique ici à reprendre certaines caractéristiques du roman libertin en vogue au XVIIIe siècle. Le récit de Jacques le fataliste est sporadique, inséré par épisodes dans les étapes du voyage. Le narrateur s’attarde plus sur l’initiation sexuelle de Jacques que sur l’histoire d’amour entre Jacques et Denise.

« Jacques : (...) Le fait est qu’elle était fort déshabillée, et que je l’étais beaucoup aussi. Le fait est que j’avais toujours la main où il n’y avait rien chez elle, et qu’elle avait placé sa main où cela n’était pas tout à fait de même chez moi. Le fait est que je me trouvai sous elle et par conséquent elle sur moi. Le fait est que, ne la soulageant d’aucune fatigue, il fallait bien qu’elle la prît tout entière.»

L’auteur s’amuse à frustrer le lecteur ; il part de situations très réalistes et de l’ajout de commentaires salaces, puis il en interrompt brutalement le récit et se lance dans d’autres développements.
 

Le couple maître-valet 

Diderot s’inspire aussi de la commedia dell Arte et des classiques de la comédie de mœurs pour le schéma du couple maître-valet (Sganarelle et son maître dans le Dom Juan de Molière).

La connivence entre les deux personnages est forte et leur relation, très libre, s’éloigne des conventions sociales.

« Le maître : C’est que vous ne savez pas, notre hôtesse, que Jacques que voilà est une espèce de philosophe, et qu’il fait un cas infini de ces petits imbéciles qui se déshonorent eux-mêmes et la cause qu’ils défendent si mal. »
 
 

Dom Juan ou Le festin de pierre. Mise en scène de Jacques Lassalle : photographies / Daniel Cande

L’originalité du statut du narrateur

Au fil du roman, Diderot, narrateur, ne cesse de révéler sa présence.  Ses interventions peuvent être directes – par exemple quand le narrateur s’interroge par sur les notions de destin et de liberté – ou être entrelacées dans l’un des multiples récits.

À plusieurs reprises, Diderot rompt volontairement l’illusion romanesque et dénonce l’artifice de l’invention littéraire.

Cette manière de procéder sera une des caractéristiques du Nouveau Roman (mouvement littéraire du XXe siècle, emmené par Robbe-Grillet) : la position du narrateur y est constamment interrogée ; l’intrigue et les personnages passent en second plan pour laisser la place à des expérimentations littéraires.


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