Récurrence dans le détail et l’onirique chez Dalí

Dalí va chercher à créer un monde onirique profondément original.


Publié le 17/10/2012 • Modifié le 01/02/2024

Temps de lecture : 2 min.

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Le peintre s'exprime à l’aide d’un répertoire d’images accumulées principalement dans son enfance à la suite d’émotions intenses et violentes.

Des images, comme une constante

Dans toutes ses œuvres, magistralement ou dans de minutieux détails, ces images constitueront une constante. Ainsi, la Vénus de Milo qui ornait sa boîte de crayons de couleur et qu’il recopie à l’âge de huit ans ; le rhinocéros, animal qui le fascine et dont les cornes sont pour lui un point culminant de beauté par leur courbes. Il y voit se conjuguer sexualité et destruction. Ces cornes, métaphore de la chasteté, accompagnent souvent ses jeunes filles et madones (Tête raphaëlesque éclatée, Madone de Portlligat). Excréments, charognes, fourmis, sauterelles, mouches, piano à queue, reproduction de L’Angélus de Millet, croûtons de pain, béquilles… tous ces éléments se retrouvent presque toujours dans ses toiles et sont repris dans ses sculptures.

Une rigueur dans la peinture

Chaque tableau est construit avec rigueur : « Le dur et le mou doivent être équivalents dans l’œuvre classique. S’ils sont en plus parallèles, ils atteignent la perfection courtoise des structures palladiennes. » Les très nombreux dessins préparatoires des rochers de la baie de Creus reprenant sans cesse leurs formes géométriques stables répondent à cet objectif.

Dans Chair de poule inaugurale (1928), la composition est faite d’un double triangle que l’on retrouve dans les diagrammes alchimiques destinés à établir des correspondances entre le haut et le bas, le spirituel et le corporel ; des formes molles, toutes numérotées, s’élèvent, librement détachées de leur socle dans l’azur, et invitent à échapper aux contraintes de la réalité. À gauche, un buste d’homme au cerveau enflammé — la main située à mi-corps suggérant une masturbation — est relié par un rayon à l’enveloppe à demi vide d’un corps féminin gisant sur le socle du premier triangle.

Dans La Persistance de la mémoire, le cap de Creus, les rochers et diverses plateformes forment un cadre solide dans la lumière du soir alors que les formes molles et fuyantes des montres aux horaires variés ou dévorées par les fourmis suggèrent la décomposition du temps par le souvenir. Au premier plan, on reconnaît le rocher qui a servi au Grand masturbateur, évoquant cette fois-ci la forme d’une monture, celle-ci lui tenant lieu de selle.
L’inventeur des montres molles a souvent évoqué des scènes de rêve : récits de cauchemars publiés dans le magazine américain Times, séquences de rêve conçues pour le film d’Alfred Hitchcock La Maison du Docteur Edwards et nombreux tableaux.

Dans le Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une pomme-grenade une seconde avant l’éveil, Dalí, grand admirateur de Freud qu’il a lu et rencontré en 1939 à Londres grâce à Stefan Zweig, nous propose d’être les interprètes du rêve de Gala. La libre association des images doit acheminer la pensée inconsciente vers la conscience. Ici, les éléments se juxtaposent dans un tourbillon aérien soigneusement composé et paradoxal, tigres, abeilles et fusil plus ou moins menaçants sont dirigés vers la forme nue et paisible de Gala tandis que s’étend, en forme de cœur, l’ombre de la grenade.

Crédits du bandeau

La Persistance de la mémoire (Montres molles), peinture (huile sur toile) de Salvador Dali (détail), 1931, Museum of Modern Art (MOMA) - New York ©Luisa Ricciarini/Leemage © Salvador Dalí, Fundació Gala-Salvador Dali / ADAGP, Paris 2012


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